Citation :

Je m'appelle Kaa O'Win, et je suis amnésique. Ma mémoire ne dure que d'un sommeil à un autre. Dans ce sac se trouvent :

• 3000 pokédollars
  
• 5 pokéballs
  
• 2 potions
  
• un miroir
  
• un polaroid
  
• deux photos
  
• un pokémon

Ce pokémon est un Skelenox, de forme fantomatique donc. Ne pas oublier d'actualiser cette liste avant de dormir.

Visiblement, l'instruction n'avait pas été suivie. Sinon, pourquoi me retrouverais-je en plein milieu d'une forêt sans aucune explication, ni même un feu de camp pour me faire penser qu'il y avait l'ombre d'une raison derrière tout ça. Le soleil était haut dans le ciel, et... J'avais un mal de crâne tambourinant. C'est en jetant un oeil autour de moi que je compris. Une pierre non loin de l'endroit où je m'étais éveillé était maculée d'une tâche de sang. Dans le doute, le frottais mon index dessus. Ouais, le sang était frais, et je savais d'où il provenait. Passer une main dans mes cheveux me suffit à le confirmer... Je m'étais évanoui en heurtant cette pierre. Enfin, peu importait maintenant, je n'avais plus qu'à rentrer chez moi... Où était-ce, déjà ?

Ah, misère, je ne savais ni où aller ni comment avoir la réponse à cette question... Quoique... Je jetais un oeil sur les photos que contenait mon sac. L'une d'elle représentait un fort beau jeune homme aux cheveux blancs au-dessous de laquelle était inscrit : "Moi". La seconde était plus intéressante pour résoudre mon problème. Une maison indiquée comme étant la mienne. Parfait ! Dans quelle direction se trouvait-elle ? C'était une autre histoire. Mais j'avais un moyen, même s'il me faisait frissonner d'avance. Je saisis la pokéball verte dans laquelle résidait le fantome en question. Skelenox, hein ? C'était mon unique chance de toute façon. Je le libérais, et tentais de rester calme, face à son apparition.

Une sueur froide longea ma colonne vertébrale alors que mon regard se posait sur lui. Mais comme le décrire à chaque post risque de devenir chiant, je suppose que je vous l'épargnerai pour cette fois. Enfin, mettant de côté mon émoi, je présentais à sa face osseuse la photo de mon maison.

"Trouve-moi cette maison, et reviens ici en aussi peu de temps que possible. Et t'as intérêt à te défoncer sur la vitesse, parce que je suis totalement sans protection, ici, moi. Allez hop hop hop !"

Le Spectre s'agita, et fila à la verticale, disparaissant rapidement de ma vision. Mon coeur se calma. En vérité, je me sentais plus en sécurité sans cette abomination dans les parages, mais pouvais-je le lui dire ? Non, évidemment : il risquerait de me hanter, si je lui manquais de respect ne serait-ce qu'une fois. Je m'adossais à un arbre, et attendis.

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Il m'a demandé de me grouiller, alors je m'exécute. Il était bizarre, mon maître, toujours à avoir ce mouvement de recul, et ce visage figé... Mais allez, qu'à cela ne tienne, au moins, il ne me frappait pas... Même s'il eut été difficile de faire autrement... OUAHAHAHAHARG !

Alors elle est où, cette baraque ? Déjà, 'faut trouver la ville. Pour ça, je m'élance droit vers le ciel pour une vue d'ensemble. Une fois que c'est fait, je trouve. Mais sacré nom de nom, qu'est-ce qu'il fout si loin de chez lui, mon maître ? On est à des kilomètres, là. En errant comme une âme en peine, ce que j'étais et que j'aurais dû faire, j'aurais mis des heures pour m'y rendre. Mais allez, je fonce, mon maître le valait bien. Deux minutes plus tard, je survole les bâtiments. Penser que j'ai volé à toute allure... Moi qui d'ordinaire étais plus apte à tout regarder, tout traverser, rencontrer d'autres Spectres et âmes en peine, leur affirmer que l'eau d'ici et meilleure que l'au-delà... OUAHAHAHAHAHARGH ! Mais que diable ! Je trouve la maison, et je fais le chemin inverse à pleine vitesse. En fait, le plus amusant, c'est de penser au temps que je gagne en traversant les arbres et les roches...

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Une poignée de minutes plus tard, il était devant moi, m'exhortant silencieusement à le suivre. Il avait trouvé. J'aurais esquissé un sourire si mon visage ne s'était pas figé depuis son retour. Néanmoins, je le suivis vers l'est.

Je suivais le fantomon en direction de ma Ville, de ma maison... A distance, hein, cette saloperie m'avait peut-être sauvé la vie, mais ça ne me donnait pas pour autant envie de la porter sur mon épaule. Si elle s'approchait trop de moi, je craignais qu'elle ne me vole mon âme, la dévore avant de la régurgiter, de lui soumettre d'atroces tortures, puis de la faire passer au mixer avant de la reconstruire avec un fer à souder et une paire de tournevis et marteau, puis de la réengloutir et de la gargariser avant de la recracher aussi fort que possible vers le sol, pour qu'elle le traverse et aboutisse finalement, violemment et d'autres adverbes en "ment", tout droit dans les laves en fusion des enfers... Devant l'atrocité de mes propres pensées, je jetais un regard suspicieux à l'amas de matière ectoplasmique. C'était surement lui qui me faisait subir ces tortures mentales...

Soudain, un bruit se fit entendre sur la gauche. Un vacarme de branches écartées, d'écorces écrasées, bref, de buissons secoués, partant de loin et traçant à grande vitesse tout droit dans ma direction. L'ectoplasme semblait l'avoir entendu aussi, puisqu'il revint sur ses "pas" jusqu'à ma hauteur. Mon regard alla de l'un à l'autre des dangers pour décider duquel j'allais le plus me méfier. C'était pourtant évident. Même en admettant que le spectre soit le moins dangereux, quelle chance y avait-il pour qu'il puisse me servir de bouclier ? Aucune. Mais allez, il semblait d'humeur à vouloir me protéger, aussi fis-je simplement un bond en arrière pour le laisser se mettre entre le danger et moi, tout en m'éloignant, autant mon corps que mon âme, de lui. J'attendis, poings serrés, gorge nouée, alors que les bruits annonçaient l'arrivée au grand jour imminente de la menace.

Beaucoup de bruit pour rien, me dis-je en voyant l'oiseau sortir des fourrés. La tension disparut. Quoi de plus inoffensif qu'un oiseau ? Après tout, ces animaux n'étaient-ils pas considérés comme un signe de calme et de gentillesse ? Voyez plutôt les scènes mielleuses des films romantiques de notre époque. Lesquelles ne comportaient pas des cris d'oiseaux, diurnes ou non ? De plus, celui-ci ne semblait pas effarouché. C'était certes un pokémon, mais à tous les coups, il était dépourvu de la moindre parcelle de dangerosité. Il me regarda, puis leva les yeux jusqu'à mon propre pokémon. Je pris une décision... Il fallait que je prenne une photo de ce pokémon, en-dessous duquel j'écrirais son nom quand quelqu'un me l'indiquerait. Je ferais de même avec l'ectoplasme qui semblait chercher dans mon regard la conduite à adopter. Je me défis d'une des bandoulières de mon sac, et l'ouvris, farfouillant d'une main, et désignant le piaf de l'autre.

"Occupe-le pendant que je cherche mon appareil photo. Juste fais en sorte qu'il reste là."

Le fantôme se détourna de moi, et adressa de ce que je pus voir un regard excessivement appuyé à la volaille, qui gonfla son plumage. Pendant qu'ils se défiaient du regard, mes doigts entrèrent en contact avec mon polaroid. Dans un geste brusque, je tentais de l'extraire au reste du contenu du sac... Mais ce mouvement me fit perdre la deuxième sangle, et je vis sans pouvoir esquisser un geste le contenu se déverser pendant sa chute. Le polaroid me resta en main, ce qui me rassura, mais une des balles vertes ne se contenta pas de rouler sur le sol. Elle le heurta violemment et par je-ne-savais quel comble hasardeux, rebondit dans l'exacte direction du volatile, trop occupé à défier mon spectre du regard pour réagir. Oups, eus-je le temps de dire, avant que l'objet ne percute le pokémon. Si j'en croyais mon expériences, deux choses étaient en passe d'arriver. Soit l'oiseau serait "capturé", autrement dit, établirait résidence dans cette balle exigüe pour devenir "mon oiseau", soit... Il serait terriblement énervé et me la foutrait au cul, autrement dit, ferait en sorte qu'elle établisse résidence dans cet orifice exigüe... Même sans désirer prendre possession du piaf, je préférais cette option à l'autre. Quelle logique implacable, ne pus-je m'empêcher de penser.